
Déclaration du CEOM - Enjeux éthiques et déontologiques en période de conflit
À la lumière de l’escalade des conflits armés dans le monde et de leur impact dévastateur sur la vie humaine, la santé publique et les systèmes de santé, le Conseil européen des ordres des médecins (CEOM) réaffirme avec force que la paix n’est pas une simple aspiration, mais un déterminant majeur de la santé.
Depuis ses origines, la médecine repose sur la compassion, la solidarité et la protection de la dignité humaine.
Compte tenu de l’autorité morale dont ils disposent et de la confiance que la société leur accorde, les médecins ont le devoir éthique, déontologique et humanitaire de s’exprimer en défense de la vie et de la santé humaines.
Dans un esprit d’unité européenne, le CEOM déclare que :
Les lois humanitaires internationales et les conventions de Genève doivent être respectées, tout comme les résolutions de l’AMM (Association Médicale Mondiale) sur ce sujet.
Les attaques contre les civils, les médecins, les professionnels de santé et les établissements de soins en période de conflit constituent une violation de tous les principes éthiques et déontologiques médicaux.
Des couloirs sûrs doivent être établis et pleinement protégés afin de permettre la prestation des soins de santé.
La continuité des soins essentiels doit être garantie pour tous en toutes circonstances.
Tous les patients doivent toujours être traités sans aucune discrimination, conformément aux principes éthiques de dignité, d’équité et de justice.
La paix doit être recherchée, car elle constitue un déterminant universel majeur de la santé.

Journée européenne de lutte contre la violence envers les médecins : un appel à la tolérance zéro
Le 12 mars 2025, la Journée européenne de lutte contre les agressions envers les médecins et les autres professionnels de santé marque une nouvelle fois la mobilisation de la communauté médicale face à un fléau qui ne cesse de s’aggraver partout en Europe. Initiée par le Conseil Européen des Ordres des Médecins (CEOM), cette journée a pour objectif de dénoncer la violence croissante subie par les soignants et de rappeler l’urgence de renforcer les actions pour y mettre fin.
Depuis plusieurs années, le CEOM agit concrètement contre ces violences. Un Observatoire européen des violences envers les médecins a été créé en 2017, suivi en 2020 par l’instauration d’une journée de sensibilisation européenne. En 2023, le CEOM a adopté un formulaire européen standardisé de signalement des agressions, élaboré en collaboration avec les organisations médicales des pays membres. Cet outil, fruit d’une collaboration entre les organisations médicales participantes, a pour objectif de mieux cerner les causes et les conséquences de ces violences et de concevoir des politiques de prévention plus efficaces.
Les chiffres disponibles soulignent l’urgence de la situation. En Espagne, 847 agressions contre des médecins ont été recensées en 2024, un record depuis la création de l’Observatoire national en 2010. Et ce chiffre ne reflète qu’une partie de la réalité, puisque la majorité des agressions ne sont ni signalées ni poursuivies.
D’autres pays européens constatent une hausse du nombre d’incidents signalés, s’inscrivant dans une tendance observée depuis plusieurs années à l’échelle européenne. En France, 1 581 incidents ont été recensés en 2023 et 2 359, pour la même année, au Portugal. La Belgique, l’Allemagne, l’Italie et la Grèce font également état de chiffres en augmentation.
Ce phénomène, qui concerne tous les professionnels de santé, menace non seulement la sécurité des soignants, mais aussi la qualité des soins et le bon fonctionnement des systèmes de santé.
Dans ce contexte, le CEOM renouvelle son appel à la tolérance zéro envers toute forme de violence contre les soignants. Il soutient pleinement la mobilisation des médecins le 12 mars 2025, afin de défendre la relation de confiance entre soignant et patient, essentielle à toute prise en charge.
Le CEOM encourage et soutient les initiatives législatives nationales destinées à garantir des conditions d'exercice sûres et dignes pour tous les praticiens et plaide pour une réponse coordonnée au niveau européen.
La société doit prendre soin de ceux qui prennent soin d’elle.